Un esprit sain dans un corps sain

Min Seok, essoufflé, vient arrêter le tapis de course sur lequel il était depuis un bon quarante-cinq minutes. Faire du cardio, à son âge, c’était primordial à son avis car avoir un physique qui restait agréable n’était pas tout dans la vie. Si on était sain à l’extérieur mais pas à l’intérieur, alors il ne s’agissait que de cache-misère et cet état d’esprit lui ressemblait assez peu, voir pas du tout. Les arts-martiaux avaient sa préférence et les machines de musculation aussi… Il est évident que même si on n’a pas un sens aigu de la mode, le fait d’être principal actionnaire d’un magazine comme le Velvet Dust finissait par vous convaincre sur le « bien paraître ». De fait, il fallait l’admettre, le cardio était ce qu’il aimait le moins. Assez peu en tout cas pour préférer le pratiquer en salle plutôt qu’à l’extérieur !

Amenant sa serviette éponge à son visage, l’homme vient chasser un peu de cette sueur qui lui collait les cheveux sur le front et les tempes. Son visage était légèrement rougit sous l’effort, sa poitrine se soulevait au rythme rapide de sa respiration et son tank-top allait vite devenir désagréable et mériter qu’il passe sous une bonne douche tiède. A ces quarante-cinq minutes de course à pied à un rythme soutenu il fallait en rajouter quarante-cinq autres en exercices divers de musculation. Autant dire que ses muscles étaient bouillant sous l’effort et qu’il allait devoir faire attention de ne pas les gripper en les laissant refroidir.

L’heure ? Pas loin de 13h30. Ces séances de sport en salle étaient généralement toutes faites sur son heure de midi sans qu’il en saute le repas pour autant. En réalité, le faire avant le repas lui permettait aussi de récupérer un peu pendant ce dernier parce qu’un corps intelligent sait qu’il ne doit pas sauter de repas et s’équilibrer. Min Seok avait toujours eu un certain mépris pour la mode qui consistait à s’affamer et s’il aimait les belles femmes menues, il ne les aimait pas avec les jambes en cure-dent ou les os du buste apparent. Malheureusement le model type coréen voulait que la majorité des femmes se trouvent sexy avec les muscles fondus… Bref.

Min Seok a un petit regard pour sa montre en finissant de s’éponger, constatant qu’il en avait bel et bien finit pour aujourd’hui. En période de stress au boulot, il lui arrivait de venir tous les jours histoire de se détendre. En ce moment c’était plutôt trois fois par semaine, voir deux lorsqu’il prenait le temps de plus se pratiquer aux arts martiaux dans le petit dojo personnel qu’il avait fait aménage chez lui. Trop concentré néanmoins, Min Seok ne voit pas la fine et courte silhouette qui passe elle aussi sans regarder ! Il percute la jeune femme et vient immédiatement la rattraper par le bras de crainte qu’elle ne tombe, se confondant déjà en excuse !

◘ Ha ! Pardonnez-moi, je ne regardais pas où j’allais. Voilà ce que c’est que de faire deux choses à la fois ! Les femmes y excellent beaucoup plus à ce que l’on dit !

La jeune femme était belle malgré « l’après-sport », pas très grande mais pas minuscule non plus, en forme visiblement et possédait un teint doré que la plupart des coréennes décriait pour se consacrer à leur teint de porcelaine qui le mettait parfois mal à l’aise ! D’une certaine façon Min Seok avait eu de la chance : il avait eu deux fils !

Quoi qu’il en soit, Min Seok finit par relâcher le bras de la jeune femme une fois assuré du fait qu’il ne la ferait plus trébucher. Dans la mi-vingtaine probablement, il avait pu constater au moment de la rattraper que les muscles de la jeune femme s’étaient vivement contractés, signe qu’elle n’était sans doute pas qu’une petite chose fragile qu’un pickpocket pourrait détrousser avec aisance.

◘ Je ne me rappelle pas de votre visage, vous venez souvent ici ?

Et de se présenter tout de même, galant :

◘ Yang Min Seok. Pardonnez-moi encore… Je ne me serais pas pardonné de vous avoir blessé.

Entraînée ou pas, cette jeune femme n’avait pas son gabarit et bon… C’était un peu l’histoire du 35 tonnes qui percutait la Lamborghini quoi.

Allez plus qu’une et dernière série de dix abdos après j’irais faire un tour du côté des tapis roulants. Je me remis donc en place, les deux mains posés de part et d’autre au niveau de ma tête et repris mon exercice tout en inspirant et expirant au fur et à mesure que je relevais mon buste. Huit… Neuf… Et dix ! Je relâchais doucement mes muscles, je restais quelques secondes immobiles pour finalement me redresser et quitter la planche à abdos pour attraper ma bouteille d’eau et boire un coup pour ensuite passer ma serviette afin d’éponger mon front où les quelques gouttelettes de sueur perlaient encore. Le sport il y a rien de mieux pour se maintenir en forme, mais pas seulement il sert aussi à décompression, à se relâcher. D’ailleurs j’étais venu ici non pas pour ma forme physique, mais tout simplement pour relâcher toute la pression que j’avais accumulée au boulot. Voilà plus de deux jours que je bossais comme une dingue sur cette affaire dans laquelle je m’étais lancé mêlant la mafia, une affaire plutôt dangereuse que nombreux de me collègue préfère décliner ayant trop peur de se confronter à la mafia. Tsss… Tous des mauviettes. Peut-être que j’étais folle de mettre lancée dedans comme beaucoup dirais, mais je n’étais pas prête à en démordre, coûte que coûte je les enverrais tous croupir au fond de leur cellule. Mais pour le moment c’était loin d’être gagné. Toutes les pistes que j’avais récoltées ne m’aidaient pas à les inculper. Cependant je ne désespérais pas, tôt ou tard ils seront arrêtés ce n’est qu’une question de temps.

Je passai la serviette autour de mon cou, bouteille en main je me dirigeais tout en pensant à une manière de les coincer. Seule je ne pouvais pas, mais qui voudrait m’aider sur ce genre d’affaire ? De plus à qui faire confiance, après tout des véreux au sein de la politique il y en a plein, même mon père en fait partie. Il est donc difficile de faire confiance à quelqu’un dans ce métier. J’épongeai à nouveau mon front tout en descendant au niveau de mon cou, après les tapis roulant, une bonne douche et zou je retourne au boulot retrouver la montagne de paperasse qui m’attende. À trop réfléchir je ne remarquai pas la personne se trouvant sur me chemin que je vins percuter, une personne plutôt imposante, car j’en perdis mon équilibre. Je crus tomber, mais non mes yeux alors qui s’étaient fermés sous le choc s’ouvrirent doucement pour se poser sur cette main qui tenait mon bras. Je longeais avec mes yeux cette main pour apercevoir un bras musclé, puis finalement remontant jusqu’à son visage. Un homme, enfin ça j’en avais déduis bien avant d’ouvrir les yeux, il faut dire pour que je perde mon équilibre c’est que j’avais percuté une masse importante ne pouvant appartenir qu’à celle d’un homme. Sauf si c’était une de ces femmes culturiste faisant du bodybulding. Il s’excusa de m’avoir percuté, apparemment il ne regardait pas devant lui tout comme moi, il n’était donc pas le seul fautif. Je repris mon équilibre et attendit qu’il relâche la pression sur mon bras pour m’excuser à mon tour. « Je suis également responsable, je ne regardais pas devant moi comme quoi une femme ne réussit pas forcément à faire deux chose en même temps.» Il est vrai qu’on dit souvent que les femmes sont capables de faire deux choses en même temps, selon moi ce n’était pas forcément exacte tout dépendait de ce qu’elle faisait. Par exemple moi je ne peux pas marcher tout en réfléchissant ou encore je suis incapable d’écouter quelqu’un parler tout en écrivant autre chose. Je balayais rapidement en espérant surtout être discrète la silhouette de l’homme se tenant en face de moi, d’après les trait de son visage, je dirais bien qu’il a dix ans de plus que moi voir à peine plus. Un homme plus âgée qui cependant il faut avouer gardait un certain charme. Mon regard revint à la hauteur de ses yeux alors qu’il me posa une question. « Aussi souvent que je peux. » C’est-à-dire trois-quatre fois dans le mois quand je pouvais, quand je ne pouvais pas je me faisais des exercices à la maison où j’allais courir. Je n’eus pas le temps de lui reposer sa question qu’il se présenta enfin. Yang Min Seok… Ce prénom me disait quelque chose, du moins je l’avais déjà entendu quelques part, mais où ? « Enchanté, Lee He Ran. » disais-je à mon tour accompagné d’un sourire. « Et ne vous inquiétez pas je suis solide comme du roc, donc vous ne m’aurez pas blessé. » ajoutais-je tout en rigolant. Il faut dire une simple bousculade n’allait pas me réduire en miette, j’avais connu bien pire que ça. « Et vous ça fait longtemps que vous venez ici ? Je ne me souviens pas vous avoir déjà vu ici aussi, enfin il faut dire qu’il y a pas mal de monde qu’on ne fait pas forcément attention au gens qui nous entoure. » En tout cas c’était mon cas, lorsque j’étais ici je ne faisais pas attention au gens contrairement à lorsque je travail où j’observer les gens afin de détecter ceux qui sont louches. « En tout cas moi, je ne crois pas que je vous ai fait mal lors de la collision. » Il faut dire que par rapport à lui j’étais vraiment un petit gabarit genre une souris face à une montagne. Non je n’exagère pas du tout. Cet homme avait dû beaucoup travailler pour obtenir cette silhouette.

Ha, il y avait des exceptions à toutes les règles ! Et Min Seok avait toujours préférés les exceptions aux règles quoi qu’il ait également toujours été un peu « vieille Corée » à sa façon. Disons qu’il entrait déjà dans la catégorie des vieux loups même si vieillir, d’une manière ou d’une autre, ne l’emballait pas plus que ça ! Mais ça amène un sourire chaleureux sur ses lèvres à l’encontre de la jeune femme qui au moins ne se tapait pas un esclandre pour une petite bousculade tout ce qu’il y avait de plus fortuite !

◘ Soit, alors disons que nos pensées étaient trop intenses pour nous garder les deux pieds dans la réalité.

Bon ok, ça aurait pu lui arriver même s’il avait pensé à un sachet de pâtes ou à un bonbon à la menthe… Mais n’allez pas briser sa bulle, s’il vous plaît ! Quant à venir à la salle de sport, la demoiselle est évasive. « Aussi souvent qu’elle le pouvait » ça pouvait vouloir dire tout et n’importe quoi selon le rythme de son emploi du temps. Bien sûr le complexe sportif était grand aussi et lorsque l’on s’entraînait, on n’avait pas forcément l’œil sur toutes les personnes autours de nous.

Elle se présente, He Ran de son petit nom et Min Seok s’incline respectueusement pour la saluer. Un prénom charmant pour une charmante jeune femme, en somme. Elle rassure sur sa condition physique, amenant un rire amusé sur ses lèvres. Il aurait pu, si. Mais au moins He Ran semblait-elle être une de ces femmes actives qui ne veulent pas ressembler à des victimes potentielles. C’était un chouette caractère lorsque ce n’était pas poussé à l’extrême. Min Seok n’avait jamais su s’entendre avec ces femmes qui « rotent et pètent » pour imaginer. Une façon de parler de ces femmes qui sans s’en rendre compte, en cherchant à se faire respecter, tentaient d’émasculer les hommes. Lorsqu’on ne fait pas de compromis, cela accroche forcément. Bref.

◘ Je viens depuis quelques années déjà oui, souvent plusieurs fois par semaine.

Moins évasif pour sa part sinon ils ne s’en sortiraient pas !

◘ L’énergie dégagée par cet endroit m’a toujours beaucoup inspirée.

Il a ensuite un rire amusé lorsque la jeune femme taquine, posant une main dans le creux de son épaule, feignant d’avoir une douleur là où il n’avait même pas été atteint.

◘ Ha, je crois bien que vous vous sous-estimez, mademoiselle !

Min Seok rigole à nouveau, cessant son petit manège toutefois histoire de ne pas jouer les gros lourds non plus ! Il a un regard pour la salle autours de lui où le reste de la population de la salle de sport continu de s’activer sans se soucier d’eux et de leur bavardage. Puis réalisant qu’il pouvait sembler retenir He Ran, Min Seok a une petite exclamation, s’excusant :

◘ Pardonnez-moi, je vous retiens peut être ? Voilà que je reste planter là à discuter parce que j’en ai terminé pour aujourd’hui et je ne réalise même pas que ça peut ne pas être votre cas !

Et en fait, après un moment de réflexion, il ajoute même :

◘ Ou bien je vous empêche tout de même de retourner à vos occupations !

Lui-même avait beau être quelqu’un pouvant énormément travailler, il lui arrivait de prendre des pauses comme ça, sans réfléchir… Pas parce qu’il était fatigué ou qu’il était en manque de connectivité sociale… Juste… Parce que ça se présentait sur le moment et qu’il avait toujours été plutôt du genre avenant, sûrement. Mais bon, fallait admettre que dans la société coréenne, aborder une femme de cette façon n’allait pas trop dans le sens des traditions conservatrices et de fait, parce qu’il n’était pas un homme manquant d’éducation et qu’il ne voulait pas le faire croire :

◘ Je serais désolé que vous m’ayez trouvé impoli. Je ne suis pas ce genre d’homme.

« Vous avez raison. » confirmais-je. Oui on était tous les deux trop épris par nos pensées qu’on n’a pas fait vraiment attention à ce qui se passait autour de nous. Enfin ce n’était rien de bien grave, pas au point que je pousse une gueulante en plein milieu de la salle de sport, ce n’est pas comme s’il avait fait exprès de me rentrer dedans. De simple excuse suffisait dans ce genre de situation.

Il ne semblait pas m’avoir déjà traîné dans le coin, ce qui était d’ailleurs réciproque, je ne me rappelle pas non plus l’avoir vu même une fois ici. Enfin il faut dire que je n’étais pas trop du genre à scruter les gens les uns après les autres pendant des heures afin de mémoriser leur visage, je le fais déjà assez souvent quand je bosse. Et puis avec mon emploi du temps, il est difficile de trouver un créneau de libre pour que je puisse me défouler et vider mon esprit. Seule la pause du midi pouvait me permettre de venir et encore quand je n’étais pas prise le midi par le boulot, chose qui arrivait très souvent. Aujourd’hui seulement de la paperasse m’attendait et un procès en fin de journée, rien de bien grave. L’homme avoua venir depuis déjà pas mal d’année, bizarrement cela ne me choqua pas, vu sa carrure il n’était pas difficile de le deviner. Enfin il venait plus souvent que moi en tout cas, peut-être que son emploi du temps le lui permettait aussi, pas comme le mien. « Inspiré ? » Je ne comprenais pas forcément ce qu’il entendait par inspiré, alors autant lui demander que se torturer l’esprit en cherchant la signification de ses paroles.

Bien sûr il s’inquiéta un peu du fait s’il m’avait fait mal lors de la collision, il faut dire qu’à côté de lui je ressemblais plus à une crevette qu’à une montagne, mais comme nous marchions normalement on ne s’est pas fait vraiment mal. Il porta sa main à son épaule et fit mine d’avoir mal. Je ne pus m’empêcher de sourire amusé lorsqu’il dit que je me sous-estimais. Non je savais pertinemment que j’avais de la force même si physiquement cela ne pouvait pas trop se voir, mais pas de là à déboiter ou cassé l’épaule de quelqu’un en marchant. Par contre si cela avait été lors d’un combat, peut-être que ça aurait été autre chose. Je ne dis rien, gardant toujours ce même sourire amusé sur mes lèvres. Cet homme était vraiment amusant, c’était plaisant de voir quelqu’un avec un peu d’humour. Il arrêta son manège et s’excusa une nouvelle fois, mais cette fois-ci parce qu’il me retenait, ce qui n’était pas faux, mais ça ne me gênait pas du tout. J’attendis qu’il finisse de parler pour le rassurer tout de même, après tout perdre quelques minutes à bavarder ne me dérangeait pas. J’aimais bien faire de nouvelle connaissance ou même papoter comme ça. « Ne vous inquiétez pas vous ne me déranger absolument pas, même si je suis loin d’avoir fini ma séance. »

Désolé ? Il était ou plutôt serait désolé pour la troisième fois. Mais pourquoi ? Il n’avait rien fait de mal. Impoli pourquoi ? Parce qu’il m’avait poussé puis ensuite abordé comme si de rien n’était. Tsss, ça me faisait rire, même s’il ne le faisait pas exprès il était vraiment amusant. Je croisai les bras tout en tenant ma bouteille d’eau dans la main et je lui demandai juste comme ça. « Et vous êtes quel genre d’homme ? » Ouais j’étais juste curieuse de savoir quel type d’homme il était, non pas que je m’intéressais forcément à lui, mais je ne pouvais m’empêcher de poser la question. Cependant poser ce genre de question pouvait être déplacé, non. « J’espère que ma question n’est pas déplacé, sinon c’est à moi de m’excuser cette fois. Si vous ne voulez pas répondre, ne vous sentez pas obligé. » Je n’aimais pas forcer la main, sauf quand s’était dans le cadre du boulot où je n’avais pas le choix d’agir ainsi pour obtenir les aveux des personnes que j’allais accuser lors des procès.

Je jetai rapidement un coup d’œil sur ma montre pour savoir qu’elle heure était-il. Ça va, j’avais encore du temps pour bavarder, enfin fallait-il qu’il soit d’accord et qu’il ait le temps, car ça pourrait être finalement moi qui le retient ce que je ne souhaitais pas. « Peut-être est-ce moi qui vous retiens finalement ? » Il devait sûrement travailler et peut-être comme moi, il avait encore beaucoup de travail pour cette après-midi, donc peut-être le retenir n’était pas une bonne chose. Enfin qui ne tente rien n’a rien, n’est-ce pas ? « J’ai encore du temps avant de reprendre le boulot, donc nous pouvons poursuivre la conversation. » S’il le souhaite, par contre j’espérais qu’il ne pense pas que j’ai fait exprès de le bousculer pour avoir la chance de lui parler comme technique de drague, car c’était absolument faux. J’avais juste envie de bavarder de quelqu’un de complétement inconnu. Après peut-être que cela n’était pas le cas de l’homme, il pouvait donc refuser, je ne lui en voudrais pas pour ça. « Vous pouvez refuser, je ne suis pas le genre de femme à m’énerver à cause d’un refus. » Bon certes j’avoue je suis du genre susceptible, mais pour ce genre de chose.

He Ran avait semblé surprise par son choix de mot… Et Min Seok avait confirmé d’un petit mouvement de la tête. Oui oui, inspiré. Son regard avait un instant balayé l’endroit, pensif… Tout était à sa place comme on dit. Il y avait une mécanique propre à ce genre d’endroit. Les machines placées de manière stratégique, les enceintes pour diffuser un peu de musique, les distributeurs de boissons énergisantes…

◘ Chaque chose est à sa place pour inciter tout le monde à travailler. Et a consommer évidemment mais ça, c’est une autre histoire.

Il a un petit rire amusé en songeant à l’aspect marketing de l’endroit et finalement, poursuivant un peu son explication, il ajoute :

◘ Il se dégage une belle et grande énergie de cet endroit. Ca m’inspire. Ou me motive, si vous préférez. J’aime le sport mais parfois le facteur motivation essai de me traîner par le fond il faut l’admettre !

Une chance qu’il avait un peu plus de volonté que ça ! On pouvait sûrement compter sur les doigts d’une seule main les fois où il avait dérogé à ses entraînements sportifs pour simplement ne rien faire et se laisser aller chez lui devant un bon verre, un bon repas et éventuellement un bon film à la télévision.

Quoi qu’il en soit, He Ran semblait d’humeur à bavarder encore un peu. Elle n’avait pas terminé sa séance comme elle venait de le dire mais elle ne semblait pas prête non plus à tourner les talons immédiatement pour s’y rendre. Au moins était-elle du genre « fibre sociale » ou peut être simplement qu’elle était un peu comme lui et qu’à trop courir partout pour le travail, quand une pause inopinée lui tombait sur le museau histoire de faire remonter un peu sa jauge sociale, elle la saisissait. En tout cas elle avait un joli sourire à présent que l’ambiance s’était légèrement détendue entre eux et de fait :

◘ Pardonnez-moi si c’est déplacé mais tant qu’à être en tenue de sport et tout transpirant, soit pas très glamour il faut le reconnaître, pourquoi ne pas nous tutoyer ?

Sans en faire trop et jouer de beaucoup de familiarité ! Il ne souhaitait pas manquer de respect à sa cadette mais bon, simplement baisser légèrement le niveau de langage quoi. Et justement, parlant de ça, He Ran a une question plutôt directe qui le surprend un moment, le laissant sans un mot une poignée de secondes avant qu’il n’ai un bon rire, quoi que pas trop fort.

◘ Je suis le genre d’homme qui bien qu’ayant dû se faire aux nouvelles technologie trouve encore du charme aux lettres manuscrites et trouve pour les écrire que la compagnie d’un dictionnaire n’est pas « too much », qui trouve qu’un texto peut être écrit sans massacrer notre cher coréen, qui pense qu’une femme peut avoir sa place dans la société au même titre qu’un homme mais qu’il faut malgré tout les traiter avec un égare dû à leur fragilité, n’en déplaise aux deux sexes. Peut être un peu vieux jeu mais pas moins ouvert.

Il ne trouvait pas ça rabaissant que de considérer les femmes comme de belles choses compétente mais fragile. Tout édifice avait ses points faibles, quelle que soit la solidité de sa structure. En tout cas voilà, c’était ce genre d’homme qu’il était et il aurait probablement pu en faire l’étalage encore un moment. Quant à être retenu, Min Seok hoche négativement la tête.

◘ J’ai quelques minutes encore.

Et de fait, alors qu’elle semble stresser un peu à l’idée qu’il s’imagine des choses ou ait l’envie de refuser, Min Seok a un petit rire amusé, la rassurant :

◘ Je reste là. Peut être que nous pourrions nous assoir deux minutes sur un des bancs qui longent la salle ?

Parce que là ils étaient un peu dans le passage, il fallait l’admettre, et un autre étourdit ne manquerait certainement pas de venir les percuter à son tour ! A rester une heure en plein milieu de la salle de sport, si tout le monde s’arrêtait pour bavarder le club ressemblerait bientôt plus à un immense forum de discussion plus qu’à une salle de sport ! Min Seok se dirige donc vers les fameux bancs, s’enquérant :

◘ Si ce n’est pas indiscret : dans quoi est-ce que tu travailles ?

Le sourire toujours sur les lèvres, amusée par les paroles de l’homme. Par chance, je n’avais jamais été encore prise par la flemme, j’arrivais toujours à être motivée pour faire quelque chose. Surtout que je ne suis pas le genre de femme qui aime ne rien faire, j’ai besoin d’être occupé afin de ne pas m’ennuyer. Le sport était d’ailleurs le meilleur moyen pour moi de tuer le temps que ça soit ici dans ce genre d’endroit, ou bien à l’extérieur pour faire un peu de jogging ou même chez moi à mon appartement. Je n’étais vraiment pas le genre de personne qui prenne plaisir à ne rien faire ou même à s’ennuyer. Je parlais, encore et encore. Oui je pouvais être un moulin à parole, il faut dire que j’aimais bien rencontrer d’autre gens, d’autres personnes que des gens que je vois tous les jours au boulot, où même lors des tribunaux. Je n’avais pas du tout l’occasion de faire de nouvelle rencontre, surtout que le soir je sors très peu, non pas que je n’ai pas envie de le faire, mais mon boulot en ce moment me prenait beaucoup de mon temps, m’obligeant à faire des heures supplémentaires. Faire des heures supplémentaires ne me dérangeait pas, je savais les contraintes de ce métier et je n’étais pas la seule dans ce cas-là, certains de mes collègues qu’ils soient procureurs, avocats ou même faisant partie de la police faisaient aussi des heures supplémentaires pour avancer dans leur travail. Bon certes, il m’arrivait parfois par craquer, en avoir marre de ce boulot, mais bien vite je redeviens positive et puis même s’il m’arrive d’en avoir parfois marre, j’aime ce que je fais.

Il me demanda si on pouvait se tutoyer. Je le regardais, ça se voyait tout de suite qu’il était plus vieux que moi, naturellement je ne l’aurais pas tutoyé, par simple respect entre les âges. Enfin s’il le demandait je ne voyais aucune objection à faire. « C’est d’accord. » Je pouvais maintenant le classer parmi mes connaissances. Si je le rencontrais une prochaine, il était sûr que je le saluerais, le fait de se tutoyer et une manière selon moi d’ouvrir les portes vers une potentiel amitié, enfin pour le moment je ne le connaissais pas assez pour le dire. C’est pourquoi je le plaçais dans mes connaissances pour le moment. Indiscrètement et parce qu’il m’avait tendu une perche, je lui demandai quel genre d’homme il était. Une question qui pouvait paraître indiscret. Il faut m’excuser c’est un défaut professionnel. Il faut dire que dans mon métier je suis obligée de poser des questions indiscrète voir même mal placé pour pouvoir résoudre une affaire sur laquelle je suis afin de pouvoir condamner l’autre partie si l’homme est bien évidemment coupable. Je l’écoutais attentivement. Il avait l’air vraiment vieux jeu, c’est sûrement ce que dirait des jeunes de nos jours, pourtant je ne trouvais pas cela vieux jeu. Je pense même que c’est ce qui faisait sûrement son charme. « Nous ne sommes pas toutes fragiles. » Bien sûr tout dépendant du sens du mot fragilité, on pouvait être fragile physiquement ou bien mentalement, ou les deux. Dans mon cas, je sais que physiquement je ne l’étais pas, après je savais pertinemment que face à homme peut-être je ne ferais pas le poids, surtout s’il avait l’envergure de Min Seok. Dans le pire des cas, je pourrais lui faire un peu mal histoire de m’enfuir. Enfin fuir, n’était pas mon genre, mais foncer dans la gueule du loup non plus. Je ne suis pas si folle que ça.

Il accepta de continuer à converser avec moi, ce qui me fit plaisir. Il proposa même d’aller s’asseoir, ce qui n’était pas une mauvaise idée. À rester là comme deux clochards en plein milieu du chemin à bavarder n’était pas très approprié. On bouchait le passage et obligeait donc les gens à nous contournez pour aller de l’autre côté. « C’est une excellente idée. » J’emboîtais le pas une fois qu’il se dirigea vers les bancs. Il me demanda ce que je faisais. J’attendis d’être enfin assit avant de lui répondre. « Ce n’est pas du tout indiscret. » souriais-je pour ensuite tout de suite enchaîner. « Je suis procureur. C’est d’ailleurs la raison pourquoi je n’ai pas forcément le temps de venir tout le temps en salle de sport pour me maintenir en forme. » Je ris quelques secondes seulement. Et oui un emploi du temps chargé, mais je ne m’en plaignais pas. « Et toi tu travail dans quoi ? » Autant demander également ce qu’il faisait. À première vue, je dirais qu’il fait partie de ce genre d’homme tenant des entreprises. Il n’avait pas la carrure pour travailler dans le domaine médicale, enfin c’était mon avis après je pouvais me tromper. En tout cas je le verrais bien dans la finance ou dans le même genre de domaine. J’attendis qu’il me réponde avant d’enchaîner avec une autre question. « Vous vivez à Séoul depuis longtemps ?Où vous habitiez ailleurs avant ? » Question indiscrète, mais basique qui me permettais ainsi mieux connaître l’homme à qui je parlais. J’aimais bien connaître la vie des gens, enfin bien évidemment pas tout dans les moindre détails, mais ce qu’ils faisaient, ce qu’ils aimaient, sans plus. Je n’étais pas non plus là du genre à demander des questions très indiscrètes du genre… Qu’elle a été la dernier fois où tu as couchés avec quelqu’un ou même qu’est-ce que tu as mangé ce matin. Ce genre de chose franchement je m’en fous un peu, chaque personne est libre de faire ce qu’il lui plait. Et puis même pour ce genre de question je pense que si je les posais soit ça serait dans le cadre de mon métier ou bien à un ami très proche et encore.

He Ran était d’accord pour baisser le niveau de langage, ce qui leur permettrait plus de familiarités sans non plus outrepasser la bienséance et Min Seok à un sourire pour l’en remercier ou l’y encourager. C’est qu’à se faire vouvoyer tout le temps, certes on avait l’impression de gagner en respectabilité mais de gagner en année aussi. C’était un peu la fatalité que de se voir vieillir dans le regard des autres. Mais peu importe. Min Seok ne se sentait pas encore vieux et il n’avait pas l’impression non plus de renvoyer cette image un brin trop négative dans les yeux de ses vis-à-vis. Ca changerait bien sûr et à ce moment là il ne pourrait que se résigner avec philosophie si c’était seulement possible mais mieux valait ne pas encore y penser sous peine de vieillir prématurément de toute façon.

Comme supposé, He Ran lui fait une réflexion sur les femmes qui n’étaient « pas toutes fragiles ». Min Seok garde un sourire calme, ne répondant pas, habitué à ce genre de réaction de part la gent féminine moderne. C’était dommage de se défendre de cette manière de ce qui n’était pas ni une attaque ni une mise en exergue d’un point faible. Min Seok faisait partit de ces hommes qui aimaient les femmes pour leur apparente fragilité. Il ne cherchait nullement à atténuer leur force, physique ou de caractère, d’autant qu’il leur en accordait beaucoup mais il aimait cet aspect plus doux et délicat qui s’apparentait à de la fragilité oui. Pas qu’il trouve He Ran désagréable pour autant, loin s’en faut… Il la trouvait juste « dans son époque » sûrement. Dans un combat perpétuel pour une égalité des sexes qui, selon lui, avait tort de vouloir se mesurer sur tous les fronts possibles.

Peu importe, ils vont s’assoir, He Ran lui parlant brièvement de son travail et Min Seok salue sa réponse, un peu impressionné oui. On trouvait rarement des personnes si jeunes à ce genre de post. Assistant de procureur oui peut être… Mais procureur en soit, il lui semblait que c’était étonnant. Ne devait-on pas faire ses preuves une paire d’années avant d’être élu à ce titre ? En tout cas c’était tout à l’honneur d’He Ran, qui finalement était peut être juste moins jeune qu’elle n’en avait l’air ! Sauf qu’on ne demandait pas son âge à une femme et ça, même les féministes les plus aguerrit ne s’en départissaient généralement pas ! Puisque la question lui est renvoyée, Min Seok explique brièvement à son tour :

◘ La gestion. Je suis principalement dans l’investissement, les actions… Mais je cherche à me diversifier un peu. Ca n’a pas le cachet d’un procureur mais ça fait quand même tourner le monde à sa manière.

Sans investisseur, il n’y aurait pas grand-chose de toute façon ! Rares étaient les génies qui avaient les moyens d’autofinancer leurs inventions.

◘ Je viens ici pour me débarrasser du stress aussi, entre autre chose. L’argent amène au moins autant de confort que de soucis, bien qu’on aime souvent à ne voir qu’une facette de la pièce.

On pensait souvent, à tort, que les hommes dans son genre se tournaient les pouces et n’avait qu’à attendre que l’argent leur tombe du ciel. La vérité c’est que s’il pouvait se permettre de gros plaisirs quand il en avait envie c’est aussi parce qu’il avait énormément travaillé pour l’obtenir. De toute façon dans la société actuelle –et c’était encore plus vrai en Corée du Sud- on n’avait rien sans rien.

◘ Je suis originaire de Séoul. J’ai beaucoup voyagé mais mes pas m’ont toujours ramené ici. Peut être que j’ai songé me mettre un peu au vert aussi mais ayant deux enfants, je souhaitais qu’ils puissent avoir accès à tout ce que notre société possédait. Le pire et le meilleur évidemment, même si pour nos enfants on souhaite toujours uniquement le meilleur. Et toi ?

Et d’ajouter, puisqu’il avait lui-même amené le sujet sur le tapis :

◘ Tu as des enfants ? C’est toujours un peu compliqué de gérer cet aspect de nos vies. C’est un peu comme avoir un second métier à temps plein. Mais c’est gratifiant aussi.

Le fait que je sois procureur à mon âge pouvait paraitre improbable. Je le sais, pour avoir vécu la méchanceté des gens me balançant sans cesse que si j’occupais ce poste en ce moment c’était grâce à mon père. Foutaise. Si j’en suis là, c’est par mes propres moyens. Je suis intelligente et on a reconnu le fait que j’avais de bonne compétence dans ce domaine, c’est sûr je fais sûrement partie des plus jeunes procureurs de Corée, cela peut choquer certaine personne, mais je m’en fous. Je sais que si j’occupe ce poste aujourd’hui c’est grâce à moi-même et non grâce à mon père. Je l’écoutais. Comme je le pensais, il était plutôt friqué, il faut dire les salles de sport ne sont pas données, tout le monde ne peut pas se permettre de venir souvent s’entrainer. Enfin s’il était riche c’était sûrement grâce à ses compétences également. Il gagne bien sa vie tout comme moi, même sans l’argent que ma mère me verse tous les mois sur mon compte dans le dos de père. Je ne dis rien de plus à ce qu’il disait continuant à lui poser des questions en espérant ne pas me montrer trop indiscrète, si c’était le cas il avait le droit de m’arrêter, je ne m’y opposerais pas.

Il avait voyagé. La chance, j’aimerais également voyagé, malheureusement avec mon boulot pour le moment ce n’était pas possible. Et quand bien même me connaissant je travaillerais encore même pendant mes vacances. Une accro au boulot ? Oui on pouvait dire ça. Il continuait à parler et je fus surprise d’entendre qu’il avait des enfants. Enfin pas vraiment en réfléchissant, il semblait appartenir aux hommes faisant partie de la quarantaine, il était donc normal qu’il est des enfants. Etait-il marié ? En tout cas si c’est le cas sa femme a bien de la chance, car Min Seok semble être une très bonne personne. Il retourna ma question et demandant par la même occasion si j’avais des enfants. Cela me fit sourire. « J’ai toujours vécu ici, bien que l’air est pollué, comme pour tes enfants j’ai également besoin d’accéder à tout ce que nous offre notre société. Bien que l’air frais de la campagne est très agréable. » Il est évident que je préférais la ville, mais passer plusieurs jours à la campagne ne me dérangeait guère. « Sinon pour répondre à ta question, je n’ai pas d’enfant. » Faut-il déjà trouver le père et je ne pense pas que ça sera pour maintenant. « Mais je peux te comprendre dans un sens. J’ai une jeune sœur avec qui j’ai l’impression de jouer plus le rôle de mère que de grande-sœur. » Il faut dire ma mère la laisse faire tout ce qu’elle souhaite, chose que moi je ne fais pas ou alors que très rarement.

« Alors tu as des enfants… Sans indiscrétion ils ont quel âge ? » Encore des questions. J’étais vraiment trop curieuse. « Excuse-moi. Je dois paraître très curieuse. Défaut professionnel. Si tu ne souhaites pas répondre, tu as le droit et n’hésite pas à me dire si je suis trop indiscrète. Quand je commence, il m’est difficile de m’arrêter. » disais-je tout en me grattant la nuque. Je pouvais me montrer très pipelette, ce qui pouvait être barbant tout comme être agréable. J’ai la parole facile il faut dire, j’aime parler et faire des nouvelles rencontres, de nouvelles connaissances. Vivre seule n’est pas du tout mon truc, j’aime être en compagnie des autres. Je pris ma bouteille d’eau, à force de parler je commençais à avoir soif. Je bus donc une gorgée avant de reprendre. « En tout cas je suis contente d’avoir fait ta connaissance, dans mon métier à part mes collègues je ne vois que très peu de gens. Je n’ai pas vraiment le temps de sortir pour faire de nouvelle connaissance non plus. » Oui j’étais vraiment contente, tout comme dans les sims ma barre social était remplie et verte. « Ça fait donc plaisir de parler avec quelqu’un d’autre chose que du travail. Je te remercie donc d’avoir accepté de parler avec moi. C’est vraiment agréable. » Peut-être que le remercier pouvait sembler bizarre, mais pas pour moi, car grâce à lui j’étais de meilleure humeur, j’étais même d’attaque à reprendre le boulot. Ça faisait vraiment du bien de parler à quelqu’un de tout et de rien.

C’était ça, l’appel de la modernité, en quelque sorte. Min Seok n’était pas idiot et si les enfants (ou parlons plutôt de la « nouvelle génération ») avaient besoin d’air pur dans les poumons, ils semblaient avoir encore plus besoin de réseaux sociaux, de lieux de rencontre, d’association, de confort électronique… Ca avait un côté effrayant et en même temps, Min Seok relativisait : c’était ainsi qu’était le monde à présent. Se lamenter en voulant résolument que nos enfants aillent un peu profiter de la nature était juste une façon d’aller contre le progrès. Bien sûr il fallait certaines limites et il croyait réellement que ça faisait partit d’une certaine « culture » que de connaître aussi cet aspect campagnard mais pas de là à l’imposer résolument non.

He Ran n’a pas d’enfants de son côté… Et ça fait sourire Min Seok, sans aucune moquerie. Ca aussi ça faisait partit de cette « modernité » dont il avait parlé plus tôt. Les femmes n’étaient plus enfermées chez elles, elles s’émancipaient, repoussait l’âge d’avoir des enfants afin de se construire des carrières. On avait à faire à des batteries de ces nouvelles femmes libérées, aussi séduisante qu’effrayante parce qu’une certaine catégorie ne savait pas conquérir en douceur, voulant tout, tout de suite. Heureusement He Ran ne semblait pas non plus être le genre de femme à vouloir émasculer les hommes à grands coups de dents ! L’absence d’alliance à son annulaire lui avait fait supposer de toute façon qu’aucun bambin ne lui jouait dans les jambes mais même si dans la société coréenne le mariage restait une institution dans le cas d’un couple sur le point d’avoir un bébé, les choses changeaient doucement mais sûrement, là aussi. On sortait doucement des carcans traditionnels, c’était à la fois une bonne et une mauvaise chose, sûrement.

Bref. Il acquiesce à propos de la jeune sœur de He Ran sans commenter d’avantage. C’était similaire, sans être identique. Enfin tout de même :

◘ Comment s’appelle t-elle ? Elle a quel âge ?

Justement He Ran s’intéresse à ses propres enfants et Min Seok assure rapidement à propos de la curiosité :

◘ Ca va. Il n’est pas interdit de poser des questions lorsqu’on s’attend à s’en voir refuser les réponses de temps en temps.

Min Seok a un rapide sourire et de fait, à propos de ses enfants :

◘ Min Yu, mon aîné, a 19 ans. C’est un enfant qui a grandit rapidement, il a parfois l’air d’avoir 10 ans de plus dans sa façon d’aborder les choses. A 13 ans il angoissait sur l’âge légal pour prendre un premier emploi, craignant que sa cotisation retraite soit insuffisante au rythme du train de vie coréen, tu vois un peu le genre ?

Un enfant très précoce quoi. Et calmer ce genre d’angoisse était assez particulier en soit. Min Seok s’y était fait mais bon, parler économie avec son petit de 13 ans à l’époque alors que tous les pères jouaient au baseball ou faisaient des constructions de légo avec leurs garçons du même âge, c’était tout un concept quoi !

◘ Min Ki, mon cadet, a 15 ans. Il adore faire du skateboard et revient toujours avec des bleus ou des égratignures, un vrai ado quoi, bien casse-cou, n’aimant pas trop l’école, ne sachant pas ce qu’il veut faire de sa vie plus tard et adorant les jeux vidéos.

Oui, ses garçons étaient un peu le jour et la nuit… Et en même temps, Min Ki vouait une vraie admiration à Min Yu et ce dernier ne le laissait jamais derrière, ayant beaucoup d’affection pour lui. Il en était très fier oui.

He Ran parle un peu de sa situation sociale ensuite… Et visiblement, elle avait du mal à concilier sa vie professionnelle avec sa vie personnelle. Il ne pouvait pas l’en blâmer, c’était le symbole de reconnaissance des personnalités ambitieuses et souvent amenées à faire des grandes choses. Lui-même avait énormément donné au départ, lorsqu’il était partit de rien ou pas grand-chose. Evidemment à présent il récoltait les fruits de ce dur labeur et de fait, il estimait ne pas avoir à rougir du confort qu’il s’offrait. En tout cas, attrapant son sac de sport, Min Jae sort un porte carte, en extrayant une carte qu’il vient donner à la jeune femme.

◘ Ma carte professionnelle. Mais attends.

Récupérant un stylo il vient écrire à la main son numéro personnel avant de retendre la carte à He Ran.

◘ Voilà. Si à l’occasion tu as du temps libre pour prendre un verre ou venir faire du sport en ayant pas envie de forcément t’entraîner toute seule, n’hésite pas. Je ne dis pas que je serais toujours disponible, mais ça me fera plaisir.

« Ma petite-sœur s’appelle Seu Ran et elle a dix-neuf ans. » Elle venait tout juste de devenir majeur pour le grand malheur de nos parents, car ma sœur est un peu le genre de fille aimant sortir avec ses amis en boîtes et ne supportant pas l’autorité. Maintenant qu’elle était majeur, elle allait en profiter pour faire ce que nos parents lui ont toujours interdit. Intéressé par ses enfants, je lui posai quelques questions à ce sujet, me trouvant bien curieuse, il me rassura que ça ne le gênait pas de répondre. Je soupirai de soulagement, je n’avais pas envie que ce défaut devienne envahissant. « Si je me montre trop curieuse, surtout n’hésites pas à me le faire remarquer. » disais-je tout en le laissant poursuivre et faire une rapide description de ses enfants. Son premier semblait être assez avancé sur son âge ce qui était assez surprenant, car à son âge les jeunes pensaient à autre chose, il fallait juste voir ma sœur pour le dire et sa bande de pote. « Il est précoce pour son âge. » Il devait être un jeune assez posé et mature dans ce cas pour ce soucier de ce genre de problème dont je ne me souciais pas encore. Le deuxième donc son dernier ressemblait un peu plus aux jeunes de nos jours. « Deux personnalités complétement différentes. » Un peu comme moi et ma sœur, bien que j’aime sortir comme elle, j’étais beaucoup plus sérieuse qu’elle. Tout comme son fils de quinze ans, Seu Ran n’était pas très intéressé par les études ce qui n’avait pas été mon cas.

Mon regard dévia et je me laissai distraire par quelqu’un, je restai quelques secondes à observer cette personne avant reporter mon regard sur Min Seok qui me tendit un bout de papier. Ou plutôt une carte. J’allais la prendre, mais il me dit d’attendre, je le regardais rajouter son numéro personnel dessus. Je souris et je le pris. J’inclinais légèrement la tête et je le remerciais. « Merci. » Je regardais la carte souriante et je la rangeais dans la poche de mon jogging. « Ça me ferait plaisir aussi que ça soit pour parler ou bien s’entraîner ensemble. Je t’enverrais un message quand j’aurais du temps libre, ce qui va être plutôt compliqué en ce moment. » Très compliqué, mais je pouvais toujours faire un effort pour même un petit café. Je regardai ma montre, mine de rien le temps s’était bien écoulé depuis qu’on avait commencé à parler. Dans une dizaine de minutes j’allais devoir arrêter pour retourner chez moi afin de prendre une bonne douche avant de reprendre le boulot. « Pour seulement dix minutes, je pense que ce n’est pas la peine. » Je me relevais et étirait un peu mes bras en hauteur. Je me tournais légèrement vers lui. « Ce n’est pas que je ne veux plus continuer à parler avec toi, mais j’ai encore un tas de dossier à traiter. » Je souris et lui tandis ma main. « Je suis contente de t’avoir connu Min Seok. Il est agréable de parler avec toi. » Une fois que je lui serrai la main, à l’aide de mes doigts je fis un signe pour mimer un téléphone et dire. « Je te téléphonerais donc quand j’aurais un peu de temps de libre. Sûrement pas pour le moment, mais j’essayerais de trouver un créneau en espérant que ça te convienne par la même occasion. Sur ce… » Je me penchai de façon à le saluer poliment. « Au revoir et passe une bonne bonne journée. » Je me redressai et tourna les talons et je fis un signe. « À la prochaine. » Je continua mon chemin, contente d’avoir fait une nouvelle rencontre, même si cela m’avait semblé court. La prochaine fois, peut-être on aura un peu plus de temps pour parler et faire plus ample connaissance, surtout qu’il était plaisant de parler avec lui. De bonne humeur et d’attaque, je quittai la salle de sport. Direction chez moi pour prendre une bonne douche avant de reprendre d’attaque le boulot.