Aujourd'hui était un jour comme les autres pour la jeune fille, elle devait faire un peu le tri dans les cartons d'une pièce servant de débarra afin d’aménager une chambre pour sa petite sœur, qui désirait depuis quelques temps entrevoir un peu plus de liberté. Sa mère lui avait donné l'autorisation de ranger et de jeter ce qu'elle voulait, mais son père n'en savait rien. En effet, cette pièce était fermée depuis des années, et cet homme, ce géniteur, avait sans cesse interdit que quelqu'un y rentre.

Le scotch arraché, les bouts de carton retournaient, la jeune femme pu enfin commencer son œuvre de la journée. Son cœur, son visage, tout se figea d'un seul coup lorsqu'elle attrapa un vieux journaux où son visage y était affiché. A ce moment, tout partit en éclat, elle voulait tout simplement brûler ce qu'elle tenait là, mais ses mains décidèrent d'ouvrir la page, et de commencer à lire ce récit dont elle cauchemardais chaque nuit.

« Article du « Journal des détectives » du premier janvier 2000.

« Le fou aux visages multiples. »

Qui aurait pu se douter que derrière ce visage d'enseignant se cachait un monstre ? Personne n'aurait pu le voir ainsi. Matthew Evans, jeune américain s'étant expatrié en Corée du Sud pour enseigner l'anglais, avait tout de l'enseignant parfait. Pratiquant depuis quelques années dans son pays d'origine, il reçu le prix du dévouement à Los Angeles en 1990. Cela fut tout naturellement que cette école primaire de Séoul l'accepta avec joie.
Néanmoins, son passé reste assez sombre. Lors de son procès en décembre dernier, il avoua qu'il avait torturé plus de dix petites filles aux États-Unis, mais que sa première et dernière petite coréenne lui fut fatale.
En effet, l'histoire commença un matin de 25 décembre, jour de noël. Ji Min Ah, âgée de six ans à cette époque s'était rendue avec sa famille à l'église afin de commémorer ce jour spécial pour la communauté chrétienne. Sa famille, parlant avec le prêtre, elle avait décidé de suivre le chaton qui se trouvait devant elle. Au bout de quelques mètres, elle se retrouva devant son professeur d'anglais, et sans avoir peur, elle accepta de l'aider à monter dans sa voiture des cartons de jouets pour les enfants pauvres. Malheur à elle, sans avoir pu lâcher le moindre cri, elle se fit emporter par le diable en personne dans cette voiture de ville.
Le cauchemar commença alors, du côté de la petite fille, et du côté des parents. Pendant prêt d'une semaine, celle-ci fut torturé. Heureusement, aucune violence sexuelle à été commis. Le tueur s'est justifié lors de son procès en disant : « Le sexe d'une façon normale ne m'a jamais intéressée,  la voir crier et me supplier me remplissait d'un plaisir intense proche d'un orgasme. » .
Le dernier jour de sa détention, et n'étant toujours pas morte, le fou décida alors de tester une nouvelle expérience sur elle. Il lui fit boire un verre d'acide sulfurique, ce qui brûla et rongea entièrement la trachée et les cordes vocales de l'enfant. Plus aucun son ne pourra sortir un jour de sa bouche. Lassé de ne plus entendre de supplication de sa part, Matthew l'abandonna sur la route le soir même, et elle fut prise en charge rapidement par une équipe médicale. Elle subit en l'espace d'un an, plus de vingt opérations afin qu'elle puisse respirer normalement et qu'elle possède une bouche normale à la vue de tous.
Qu'en est-il du tueur ? Elle le dénonça sans hésitation.
Après ce procès, il fut condamné à la prison à perpétuité... »

Ne pouvant pas lire une ligne de plus, Min froissa le papier entre ses mains et le  lança contre le mur en s'énervant. C'était la seule chose qu'elle voulait oublier de son existence. En plus de perdre sa voix, elle perdit son père. Religieux, il était devenu totalement récalcitrant en voyant sa fille.
Un soir d'hiver, voulant se faire un chocolat chaud, elle avait entendu son père dire à sa mère : « Elle a été touché par le diable, elle aurait dû mourir afin qu'elle puisse se faire pardonner réellement par le saint-esprit ». Ces mots l'avaient totalement troublés, bouleversés. Sa mère, ne pouvant réellement accepter que son mari dise une telle chose, décida de reprendre son travail de traductrice. Elle était partie faire le tour du monde, ne pouvant plus partager sa vie avec un homme comme cela.

Depuis ces événements, son père fut moins présent dans la vie familiale. Il passait le plus clair de son temps à l'église. Min Ah, à l'aide de son grand frère, s'occupait dès ses douze ans de ses frères et sœurs plus jeunes. Gagnant en maturité, elle enferma chez elle toute son enfance.

Les larmes coulaient sur les joues de la jeune fille, elle ramenait doucement ses jambes contre elle, et trembla pendant des heures durant...