ici, ton histoire sous forme de chronologie, d'anecdotes, de récit, de journal ou autre ; 300 mots minimum.

Né à New York. Un mois de mars. Le 30. Et une famille prodigieuse : père neurologue et mère mannequin, des carrières couronnées de succès. Le décor est planté. Étant fils unique, Jo Han se devait à son tour de faire briller le nom de Yoon. Seulement, il n'a jamais été bon élève, plutôt distrait et clairement fainéant. Son seul atout qui lui permit de passer de classe en classe sans soucis fut sa merveilleuse mémoire visuelle. Observer, analyser, décrypter, enregistrer et projeter. C'était fait. Un potentiel certain, mais mal exploité. On lui rêvait une carrière d'avocat ou de détective. Seulement, il n'a jamais sû l'avouer à ses parents, il souhaitait faire carrière dans la mode. Précisément comme maquilleur professionnel. Dès sa tendre enfance, il fut baladé dans les coulisses des défilés les plus prestigieux où sa mère rayonnait de milles feux. Le travail de fourmis que fournissaient stylistes, coiffeurs, maquilleurs, ingénieurs du spectacle avait ce côté tout à fait fascinant et irrésistible qui faisait naître des étoiles dans ses yeux. Ces efforts que le public découvrait finalement sur le podium, il n'en pipait pas mot. Grâce. Des cambrures parfaites, des silhouettes idéales, des postures époustouflantes, des vêtements luxueux. Jo Han se délectait de ce spectacle, en perdait son anglais, son souffle, à chaque fois, comme si c'était toujours une première. Embellir la femme de cette façon, la rendre plus belle qu'elle ne l'est, c'est ce à quoi il se destinait. Sa relation à la gente féminine débuta alors et atteint son apogée au lycée.

C'était secret. Il apprit lui-même, ces petites amies étaient ses cobayes. Jamais il ne s'était senti aussi vivant. Chaque conquête, il la couvrait d'attention, de cadeaux, il la voulait parfaite, d'une beauté intransigeante, il la façonnait de manière sublime et le meilleur accessoire qu'elle pouvait porter fut de l'avoir à son bras. Il devint un homme de goût. Un homme à femmes aussi.

« Donne toi la peine de faire de grandes études, tu seras tranquille plus tard. », lui disait son père. Une carrière dans le maquillage n'était pas possible, il ne pouvait l'avouer, c'était personnel, intime même. Par dépit, il intégra une école de journalisme, celle de l'excellente université de Colombia. Son père avait des connaissances, ce ne fut pas bien difficile de l'intégrer. Toutefois, les élèves moyens n'y avaient pas leur place, on y formait l'élite. C'était sans compter la ruse de Joan. Il étudiait peu, se faisait de bonnes relations, les têtes de classes, charmait les plus intelligentes. Tout un art, son art. Le temps passait en classe lui servait à observer ses camarades. Lui, sera le plus rapide. Elle, sera la plus minutieuse. Le soucis du détail. Si Jo Han déléguait son travail, il fallait que ce soit parfait, rien n'était joué sur le hasard. Et l'échec n'était pas envisageable. Succès.

De lui-même, il décida de voyager à Séoul après ses études, se familiariser avec sa terre natale. Néanmoins, ce fut le coup de foudre, il ne voulait plus la quitter. Et ce nom, ce nom qui était affiché à chaque coin de rues, qu'on murmurait partout : Velvet Dust Magazin. Jo Han y posa ses yeux et sourit. Cet homme, le créateur, il avait trouvé beaucoup plus malin que lui. Une merveille de magasine.
Il vivait dans un des appartements de ses parents, qui devint rapidement le sien d'ailleurs. Il ne trouvait pas d'emploi, ne s'en souciait que peu à vrai dire. Il intégra l'université de Séoul deux ans, en section mode, alors. Il étudia de la même façon qu'à Colombia. Puis, ce poste de rédacteur au VD se libéra et parvint à ses oreilles. Il en sourit, de toutes ses dents. Il était sûr. C'était pour lui. Au culot, il se présenta. Mine de rien, son curriculum vitae avait de la gueule. Autant que lui. Impeccable, charismatique, confiant, il parla de lui et de ses expériences personnelles dans le milieu. Irrésistible. Il dégagea une force absolue, une personne aux épaules solides, ce dont ils avaient besoin et cette phrase avant de quitter l'entretien avait tout fait basculer en sa faveur : « Je tirerais le meilleur de vos employés. »

Aujourd'hui, on le connaît bien. Jo Han le tyran, comme on l'appelle affectueusement. Sadique. Exigeant. Profiteur. On le déteste, on en est abusé. Néanmoins, il mène son équipe d'une main de maître. Ne supporte pas le "à moitié fait", c'est tout ou rien. Et il veut tout, donc vous recommencerez. Il connaît ses subornées sur le bout des doigts, en tirent le meilleur, les poussent jusqu'à la perfection. Ils en pleurent, c'est certain, mais jamais ils n'auront excellé autant qu'avec lui. Un moonwalk dans le couloir, il rejoint son bureau, s'installe, vérifie le travail fait, allume sa console, se détend. Un personnage folklorique. Si malicieux, si paresseux, mercanti, s'en est écœurant.