ici, ton histoire sous forme de chronologie, d'anecdotes, de récit, de journal ou autre ; 300 mots minimum.


«  Un americano. Sans sucre. » Ses mots étaient presque dictés, sans aucune émotion. Ses cheveux noirs ébène encadraient merveilleusement son visage de porcelaine sur lequel deux yeux d’un noir profond scrutaient méticuleusement la pièce, jugeant sans aucun remord chaque individus qui s’y trouvait. Vêtue d’un robe cintrée noir, de talons aguilles de la même couleur et coiffée d’un chignon relevé, on aurait pu la confondre avec une femme de l’époque, une de celles qui se distingue par sa classe en toute circonstance. Personne n’osait l’approchait, surement avaient-ils peur de briser cette poupée ou de s’attirer ses foudres.
Différente des autres, ça, elle l’était. Rebecca Hwang est unique.
Née à Rimini en Italie, elle y a passé toute son enfance. Comme ses parents travaillaient tous les deux du matin jusqu’à tard le soir, elle fut élevée par la gouvernante de la famille bien qu’elle ne se soit jamais attachée à cette femme. En réalité, Rebecca a toujours été traité comme une vraie princesse et de ce fait, elle se comportait comme telle. Le problème, c’est que lorsqu’on possède tout ce qu’on veut, on devient encore plus exigent et c’est ainsi que Rebecca est devenue l’éternelle insatisfaite qu’elle est aujourd’hui. Si ses parents n’ont jamais montré un brin d’affection l’un pour l’autre, leur relation s’est empirée lorsque le paternel a commencé à boire sans modération. Devenu un véritable alcoolique, une épave vivante, un lendemain d’orgie ambulant, les disputes étaient courantes et le couple allait parfois jusqu’à utiliser la force. C’est donc sans surprise que Mme. Hwang a demandé le divorce –ou bien ce n’était qu’un prétexte pour se séparer d’un homme qu’elle n’avait jamais aimé – marquant ainsi son départ et celui de Bekah pour son pays natale : la Corée du Sud.

Et plusieurs surprises les attendaient l’une et l’autre à leur arrivée là-bas.
Plus qu’elles ne l’imaginaient.
En effet, sa mère s’est rapidement consolée dans les bras d’une de ses collègues. Oui, une. Imaginez le choc pour la jeune Bekah qui devait accepter de voir sa mère avec une autre femme. Pire, la femme en question avait elle aussi une fille, un peu plus âgée que Rebecca et que cette dernière ne pouvait pas supporter. En réalité, leur « relation »- si on peut appeler ça de cette manière -était semblable à une guerre froide : aucun contact de quelque type que ce soit la plupart du temps pour éviter de faire monter la tension mais quand leurs regards se rencontraient malencontreusement, c’était la Seconde Guerre Mondiale de 78.
Ajoutez à cela le fait que n’ayant voyagé que quelques fois auparavant en Corée du Sud, la rital ne maîtrisait pas à la langue du pays et a eu un mal fou à s’y adapter. A l’école, elle était un paria, constamment mise de côté pour son look avant-gardiste et son vocabulaire restreint énoncé dans un coréen italianisé dont le rendu était tout bonnement ridicule. Alors que la vie de la princesse prenait une tournure sacrément déplaisante, sa grand-mère, de voyage à Séoul, eu une idée de l’emmener quelques temps aux Etats-Unis avec elle, là où elle pourrait perfectionner son anglais et obtenir un enseignement d’excellence dans une de ces écoles dont les frais de scolarité dépassent facilement les $10.000 (que voulez vous, on est riche ou on ne l’est pas). C’est de bon cœur qu’elle avait acceptée l’offre de sa grand-mère, sans même attendre l’approbation de sa génitrice qui avait finalement cédé, constatant que sa fille n’était pas heureuse avec elle.
Deux ans aux Etats-Unis. Deux années loin de ce pays inhospitalier qu’est la Corée, loin de sa mère et son amante, loin de Rachel, la « demi-sœur » démoniaque, loin de Siwon, le débile qui se moquait toujours qu’elle et qui ne se gênait pas pour voler ses plateaux repas à midi. Entre temps, Rebecca parlait mieux coréen, encore une fois grâce à sa grand-mère –qui lui parlait exclusivement coréen à la maison- avec qui elle serait restée plus longtemps si elle le pouvait; mais sa mère réclamait son retour.
C’est en trainant les pieds qu’elle s’installa de nouveau en Corée. Les rues de Séoul étaient trop froides à son goût. Elles étaient d’un froid exceptionnel, d’un froid qui glaçait totalement son coeur. Le soleil italien lui manquait terriblement, tout comme les rues enneigée de New York en décembre dont la beauté ne pouvait que surprendre son regard observateur.
Sa « demi-sœur » s’était elle aussi réfugiée –en France- loin du couple que formait leurs deux mères et un an après le retour de Bekah, elle dû se joindre à son tour l’heureuse « famille ». Retour à la case départ. Et ça aurait pu durer longtemps si elles n’avaient pas une amie en commun qui les poussait à se rapprocher ; et quel rapprochement ! Elles sont aujourd’hui inséparables, les meilleures amies du monde.
Bekah, habituée à fabriquer de fausses cartes d’identité pour ses camarades, avait décidé qu’il était temps qu’elle et ses deux amies profitent de son talent dans le domaine. Les fausses cartes en main, les trois mistinguettes avaient tenté d’entrer dans une soirée V.I.P dont tout le collège parlait mais humiliées par le videur devant pas mal de leurs camarades, elles étaient reparties bredouille. Une humiliation de plus, certes, mais sans cela, elles n’auraient jamais eu l’idée de faire le pacte qui leur permit aujourd’hui d’être ce qu’elles sont.
« Cela ne nous arrivera plus jamais. »
Et plus jamais un incident de la sorte ne se produisit. Aujourd’hui, « Rebecca Hwang » est un nom qui lui permet d’entrer très facilement dans les soirées les plus classes de Séoul. L’avoir parmi ses convives est presque est un honneur car la jeune femme est devenue selecte. En effet, elle ne va pas accepter toutes les invitations qu’on propose sinon elle n’en finirait jamais, elle ne choisit que les meilleurs.
Transformée en moins de deux en diva, vêtue des plus belles robes de couturiers, la coréenne s’intéressait d’année en année plus sérieusement au domaine de la mode ; pour travailler aujourd’hui en tant que visionnaire chez Velvet Dust. Comment elle en est arrivée là ? Quand on est Bekah, tout est possible. Après un semestre de robotique pendant lequel elle a passé plus de temps à critiquer les geeks qui l’entourait qu’à travailler, elle s’est réorientée en cours d’année vers une licence de stylisme de mode qui lui a permit de faire un stage chez Teen Vogue US suite à quoi elle est a réussi à franchir les portes de Velvet Dust, travaillant alors en tant que minable secrétaire, passant plus de temps à se (lim)er les [dédicasse pour les frères lime à] ongles qu’à répondre aux coups de fil et quand on la voyait miraculeusement au téléphone, c’était pour parler des prochaines tendances avec Sunhee ou Rachel.
Jongyul, qui est toujours là où on ne l’attend pas, écoutait secrètement chacune de leurs conversations et fut prit d’étonnement en constant que les prévisions de Bekah étaient toujours vérifiées. Sans qu’elle ne comprenne quoi que ce soit, elle fut promue au rang de visionnaire, ascension qui fit parler beaucoup de mauvaises langues qui l’accusèrent d’être passé sous le bureau du patro, rumeur qu’elle n’a jamais démenti et qu’elle se plait même à alimenter. Aujourd’hui, elle est pleinement épanouie dans son métier même si sa vie n’est pas aussi rose qu’elle le prétend. En effet, une amourette de jeunesse a laissé en elle une profonde cicatrice qui ne veut toujours pas guérir. Son nom était Seungho. A l’époque de leur rencontre, Bekah était au collège et elle l’admirait parce qu’il était, en soit, tout ce qu’elle voulait être : elle désirait être aussi populaire et charismatique que lui mais ce n’était pas possible. Etrangement, ces deux opposés se sont engagés dans une longue relation destructrice au terme de laquelle Bekah a perdu le plus d’estime qu’elle avait d’elle même et qui l’a presque poussé au suicide. Seungho s’amusait sadiquement, sans que personne ne s’en doute, à abuser psychologiquement de sa victime, qui avait justement, tout d’une victime : cette plouc rejetée des autres qui trouvait finalement bonheur dans ses bras et avec qui il pouvait jouer autant qu’il le voulait. Depuis leur rupture, Bekah a coupé tout contact avec lui mais quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle l’aperçu sur son lieu de travail, car oui, elle apprit à son grand désarroi qu’elle serait obligée de le côtoyer tous les jours. Son pire cauchemar travaille à 1 mètre d’elle et elle fait des efforts gargantuesques pour oublier sa présence. Il suffit qu’il lui jette un coup d’œil pour qu’elle se sente mal, bien qu’elle refuse de le montrer. Oui, car l’ancienne Rebeccá n’existe plus ; la nouvelle Bekah est plus forte, plus indépendante, plus sûre d’elle. Enfin, c’est ce que tout le monde pense, car au final, personne ne la connaît vraiment. Rebeccá Hwang est un mystère total pour les 2/3 de son entourage et c’est tout simplement parce qu’elle n’aime pas se dévoiler, ayant peur de donner des armes aux autres contre elle.
On ne peut compter que sur soi, au final. #PhilosophieFacebook