Dès qu’elle est née, dès ses premières secondes de vie, on a compris qu’elle ne serait pas normale. Mais comment peut-on juger de toute une vie à travers un nourrisson de quelques minutes ? Da Rae a pourtant poussé ses premiers cris comme tous bébés normalement constitués. Elle a doucement dévisagé sa mère avec ses grands yeux comme font habituellement les jeunes enfants. Et pourtant, sa mère lorsqu’elle a regardé pour la première fois son enfant chéri, la douce Da Rae, sa mère s’est mise à hurler. Elle a hurlé, elle s’est époumonée qu’elle avait enfanté la fille de Lucifer. Da Rae effrayée, s’est remise à pleurer alors que sa mère blasphémait. Elle criait qu’elle ne voulait pas de cet enfant du mal, qu’elle avait lu dans les yeux du nourrisson, toute la souffrance qu’elle apporterait. Elle avait vu du sang couler, des vies disparaître. Da Rae deviendrait un monstre sans-cœur. Et puis les médecins sont arrivés, ils ont calmé la jeune mère. Ils ne la croyaient pas, aux vues de ses antécédents psychiatriques. Celle-ci avait déjà été internée dans un asile pour schizophrénie et crise de violence. Ils la savaient folle, pas besoin de croire en ces paroles. Ils lui ont malgré tout retiré l’enfant le temps qu’elle se calme…

La jeune mère s’est calmée et à put rentrer avec son enfant. Mais elle n’en resterait pas là. Il fallait expier le mal loin de ce bébé. Ou alors, le mal rongerait leur famille entière. Elle fit toutes sortes de prières pour soi-disant retirer le mal qui était en Da Rae. Et elle pensait que ça avait marché. Alors elle entreprit de s’occuper de sa fille plus ou moins comme il le fallait. Son mari, heureusement sain d’esprit, l’a beaucoup aidé même s’il n’approuvait pas totalement toutes les méthodes dont elle usait. Après tout, ce n’était qu’une enfant.

Elle n’avait quand même pas eu tort en disant que Da Rae prendrait la mauvaise voie….

Au fil du temps, la jeune fille grandit. Ses parents sont fiers de leur petite princesse aux cheveux roux. Elle est mignonne la petite Da Rae avec ses couettes. Elle a 8 ans maintenant et elle s’amuse dans le jardin. Elle est mignonne même si elle revient souvent, tâché de ce qui semble être de la boue. Enfin, ses parents croyaient que c’était de la boue. Ils vont vite déchanter la première fois qu’elle ramène un cadavre de rat, avec un petit sourire en coin. « Je lui ai lancé des cailloux dessus et il était tout poisseux après ! » Pour sa mère, ce fut une vision d’horreur. Elle fixa longuement, sa fille, non, cette meurtrière tâchée de sang, tenant le pauvre animal par la queue. Un hurlement de démence s’échappa de ses lèvres. Elle avait mis au monde, un démon. Elle devait tuer ce démon. Elle hurlait encore. Elle criait toute sa haine sur cette pauvre gamine, heureusement que son mari la retenait car cette folle furieuse était à deux doigts d’étrangler son propre enfant. Au regard de son père, Da Rae comprenait qu’il fallait qu’elle monte dans sa chambre. Ce qu’elle fit.

Et elle pleura. Elle pleurait beaucoup. Les petites perles salées roulaient sur ses joues. Elle avait compris que sa mère la détestait. Qu’elle n’était pas la petite fille modèle dont elle avait rêvée. Elle était malfaisante, c’était les mots de sa mère. Mais elle pleurait aussi parce qu’eux ne la comprenaient pas. Ses parents ne comprenaient et ne voulaient pas comprendre. C’est comme ça qu’elle se mit à les détester. Elle se jura de ne plus jamais pleurer. Elle ne devait plus pleurer. Elle ne devait plus écouter sa mère et son Dieu qui ne valait rien. Elle ne devait plus écouter personne…

La jeune rousse a maintenant passé le cap des 15 ans. Une période de débauche totale. Ses relations familiales se sont fortement dégradées mais elle s’en moque. C’est comme si elle n’avait plus de parents. Malgré tout, elle vit encore sous leur toit. Elle aimerait tellement s’émanciper et disparaitre loin d’eux … Mais elle se sait encore trop jeune. Ses seules échappatoires sont les cours de compositions florales et les cours de maniements d’armes qu’un ami lui donne en douce pour ces derniers. Cet ami a remarqué son fort potentiel pour les lames et autres couteaux. Et plus les cours avançaient, plus elle s’améliorait dans cette discipline. Elle était au point pour se défendre contre d’éventuels agresseurs.

Il ne savait pas qu’il venait de faire une grosse erreur et qu’elle utiliserait ce talent pas que pour se défendre… Mais bel et bien pour tuer. Les prémices d’une sanglante meurtrière. Ariel la Sanglante était presque au point. Il ne manquait plus, pour elle, qu’elle se fasse remarquer. Ce qui arriva bien assez vite.

Darae la rouquine flamboyante a maintenant 19 ans. Sous l’œil attentif de sa Beumjoe Unnie, elle s’apprête à faire la première victime de sa carrière. Une lourde tâche pour une future recrutée. Mais Da Rae n’a pas peur. Le sang est une passion. Sa manière de torturer va en épater et en épatera toujours plus d’un. Les scarifications, les coutures sanglantes, tout est digne de rites vaudoux. La rouquine sortait son matériel face à la victime bâillonnée et attachée à une chaise. Sous son masque, car Darae a une particularité c’est qu’elle cache son visage à ses victimes, la jeune fille transpire la cruauté. Sa victime s’agite, on voit à ses yeux exorbités qu’elle panique. Darae s’empare d’une fine lame et commence son art sanglant. Elle taille doucement la chair du bras à vif. Elle s’applique. Elle sculpte méticuleusement son dessin. La Beumjoe Unnie est ébahie : Darae ne cille pas devant le sang qui commence à couler. Mieux, ou pire, encore ; elle a l’air émerveillé devant ce liquide scintillant. Le temps passe et Darae est sur le point de terminer son art. « Je vais faire le dernier lacet. » Voix posée, feutrée, presque douce.

« Un monstre. Un véritable monstre obsédé par le sang. Mais elle fait de la mort, une œuvre d’art. Je me croyais presque dans la pièce avec une restauratrice d’œuvre. C’était vraiment magique. Hum ! Et elle a un très bon coup de couteau, comme si elle avait été chirurgienne dans une vie antérieure. Elle pourrait nous être très utile. Je pense qu’il faut l’engager et j’ai déjà en tête sa spécialité : la torture.  Elle ne vous décevra pas. »

Elle ne déçut personne en effet. Mieux encore, elle impressionnait plus qu’elle ne décevait. Tout ce qu’elle faisait était soigné et millimétré. Elle n’oubliait jamais aucun détail. Elle soignait la disposition du corps, comme une mise en scène théâtrale. A chaque fois que la police retrouvait les corps, elle voulait qu’on pense à ça. « C’est du théâtre , c’est de l’art ». Elle avait une âme d’artiste. Et cette âme d’artiste ainsi que cette cruauté sans faille, la fit monter rapidement de grade en grade. Et avec l’argent qu’elle gagnait de ses crimes, ainsi que pour avoir une couverture, elle ouvrit sa boutique de fleur. A 23 ans, elle était maintenant une apjabi respectée et crainte en même temps. Une trentaine d’ « œuvre d’art » à son actif , on lui a donné le titre de tortureuse folle de la mafia. Darae est folle, tout autant que Ariel tout autant que Cassidy.

Méfiez-vous d’elle. C’est le démon en personne.